HISTOIRE MECONNUE : 5 légendes de Pâques expliquées
Pourquoi mange-t-on du chocolat à Pâques ? Pourquoi offre-t-on des œufs ? Pourquoi les cachons-nous dans les jardins ? D’où vient la tradition du lapin de Pâques ? Ou des cloches de Pâques selon les régions ? Pourquoi l’usage veut que les Chrétiens s’offrent du chocolat ? Dans le monde occidental, les Fêtes de Pâques sont une institution, l’une des fêtes les plus célébrées et les plus appréciées par les enfants mais également par les adultes.
Nous vous proposons, aujourd’hui, de découvrir ou de redécouvrir le pourquoi du comment de 5 traditions courantes qui entourent la Fête de Pâques.
Que fête-t-on exactement à « Pâques » ?
La date de Pâques est fixée au premier dimanche après la première pleine lune qui suit le 21 mars, donc au plus tôt le 22 mars. Cette année le 4 avril.
À l’origine, Pâque (sans « s ») est une fête juive célébrée le 14e jour du premier mois du calendrier juif. Les ancêtres des Juifs étaient des esclaves appartenant aux pharaons d’Égypte. Grâce à l’influence et à la détermination de l’un d’entre eux, Moïse, ils s’organisèrent, s’émancipèrent et s’enfuirent en direction du Pays de Canaan (actuellement Israël). Cette libération, appelée l’Exode, est depuis célébrée par les Juifs chaque printemps.
Plus tard, les Chrétiens reprirent cette étymologie pour désigner la commémoration de la Résurrection du Christ survenue, d’après le Nouveau Testament, le surlendemain de la Passion, le « troisième jour ». Le dimanche de Pâques est l’aboutissement de la semaine Sainte, appelée « Grande Semaine » par les Chrétiens orthodoxes. En Roumanie, elle est qualifiée de « Semaine des Souffrances ». Cette « petite » semaine en réalité, démarre le jeudi soir et s’achève le dimanche. Ces trois jours représentent l’apogée de l’année liturgique
Si dans les faits, les Fêtes de Pâques sont un grand moment pour les pratiquants, c’est aussi parfois une occasion pour des Protestants et les Catholiques croyants mais moins impliqués dans leur paroisse, de retrouver les bancs d’un temple ou d’une église pour un culte, une messe exceptionnelle.
Pour ce qui est du reste de la société, les Fêtes de Pâques sont entourées d’un florilège de traditions, toutes plus gourmandes les unes que les autres. Je propose aujourd’hui de découvrir d’où elles proviennent.
1. Une histoire d’œufs
La tradition qui veut que l’on s’offre des œufs à cette période de l’année remonterait à plus de 5 000 ans. Durant l’Antiquité, à chaque printemps, les Perses avaient pour coutume, afin de se porter bonheur, de s’offrir des œufs de poule, symboles de fécondité et de renouveau.
En Europe, cette coutume s’est « naturellement » enracinée au Moyen Âge autour de la fête de Pâques. En effet, le dimanche de Pâques marque la fin du Carême. Cette période de jeûne, autrefois très respectée, interdisait, entre autres, aux fidèles de manger des œufs. Ainsi, pendant plus d’un mois, les œufs pondus par les poules des paysans s’accumulaient. À l’issue des 40 jours de privation, les croyants s’offraient le surplus de production qui devait être rapidement consommé.
À partir du XVe siècle, une nouvelle coutume apparaît en Alsace. Il est fait mention d’œufs durs peints, ornés de décors printaniers, destinés à être gobés, qui s’offrent le dimanche de Pâques. Ce vent de fantaisie se répand au cours des siècles suivants, partout en Europe. Au XVIIe et XVIIIe siècle, il devint de mode dans les palais princiers, de s’offrir des œufs en or ornés de joyaux qui, souvent, renfermaient une surprise. C’est ainsi, par exemple, que « Louis XV offrit à sa maîtresse bien-aimée la comtesse du Barry, un œuf de joaillerie renfermant une statuette de cupidon ». Cet art culmina au XIXe s. avec les créations du joaillier de la Cour de Russie, Pierre-Karl Fabergé (1840-1929).
2. Pourquoi mange-t-on des œufs en chocolat ?
Selon Elisabeth de Contenson, auteur de Le Chocolat et son histoire, la réponse à cette question est un mystère.« On ignore la date exacte à laquelle on eut l’idée de percer les œufs d’un côté, pour les vider de leur substance, puis de les remplir de chocolat ». D’après cette historienne, il peut sembler correct d’ancrer l’origine de cette coutume « au XVIIIe siècle, mais il faudra attendre le XIXe siècle pour que l’on commence à voir apparaître des œufs entièrement faits de chocolat. »
À partir des années 1830, des innovations techniques permettent d’une part le déploiement du travail du cacao et d’autre part l’émergence d’une variété de moules inédite (en cuivre ou en fer étamé), qui permettent d’obtenir des formes en chocolat et amorceront ce qui deviendra l’Art de la Chocolaterie.
3. D’où sort le lièvre/lapin de Pâques ?
La tradition du « lièvre de Pâques » trouve son origine dans une légende du sud-ouest de l’Allemagne.
L’Osterhase, le lièvre de Pâques, est devenu une créature légendaire qui apporte aux enfants, au matin du dimanche de Pâques, des œufs brillants et colorés en chocolat, et parfois même des cadeaux, qu’il cache un peu partout dans les jardins, souvent aussi au centre des villes et des villages. Ainsi, tous les enfants peuvent entrer en chasse et trouver trésors après trésors.
Lièvre ou lapin ? Dans l’inconscient collectif, ces animaux doux et docile sont des symboles de fertilité, de renouveau. Ils représentent le Printemps, la douceur retrouvée.
La tradition du lièvre de Pâques s’est exportée aux États-Unis, en même temps que les immigrés allemands, au XVIIIe siècle, où elle a rapidement gagné du terrain. Les Américains adoptent le terme de Eastern Bunny. Le « lièvre de Pâques » devient, dans le langage courant, le « lapin de Pâques ».
4. Les « cloches de Pâques »
Les « cloches de Pâques » sont une tradition directement puisée dans le Catholicisme. Une coutume particulièrement présente en France et en Italie. Après le jeudi saint et jusqu’au jour de Pâques, les cloches des églises ne sonnent plus, pour marquer le deuil de Jésus. Il est de coutume d’expliquer aux enfants que « les cloches partent à Rome ». Leur retour marque la célébration de la résurrection du Christ.
Elles réapparaissent dans la nuit du samedi au dimanche, carillonnantes et chargée d’œufs en chocolat, pour annoncer la résurrection. Elles sèment les gourmandises dans les jardins et les parcs, pour le grand bonheur des enfants.
5. Le « Lamela(e) », l’agneau de Pâques
L’Osterlamela est une tradition pâtissière de l’Est de la France. Osterlamele, ou Lamele, prononcé « Lamela » dans le Ried et le Haut-Rhin, est mot alsacien signifiant « petit agneau de Pâques ».
Il s’agit d’une pâtisserie traditionnelle d’Alsace, une génoise en forme d’agneau pascal. L’agneau, qui symbolise le Christ dans la tradition chrétienne, porte autour du cou un ruban au bout duquel pend une clochette.
Cette recette traditionnelle est également née du surplus d’œufs qui résultait du jeûne du Carême. Réaliser en quantité ces pâtisseries, qui nécessitent une bonne base d’œufs, était un moyen sûr et goûteux d’écouler le stock.
BIBLIOGRAPHIE
CONTENSON (de) Élisabeth, Le Chocolat et son histoire, coll. « Images d’autrefois », Archives et culture, 2010.
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Rédigé par : Ophélie