Les blessures de l’âme :                     #2 L’ABANDON, une dépendance dangereuse

« La vie, le malheur, l’abandon et l’isolement sont des champs de bataille qui ont leurs héros ; héros obscurs plus grands parfois que les héros illustres ».

Victor Hugo

Je voulais écrire cet article bien plus tôt, mais malgré le confinement, la phase finale d’un projet littéraire de longue haleine m’a fait prendre un peu de retard… Mieux vaut tard que jamais sera donc son mot d’ordre !

Je tenais à développer précisément chacune des 5 blessures qui empêchent d’être soi-même, décrite dans ce best-seller écrit par la papesse québecoise du développement personnel, Lise Bourbeau. Selon sa théorie, ces plaies invisibles, car ancrées dans notre inconscient, sont à l’origine de nombreux tourments de l’âme humaine et expliquent bien des comportements dont nous avons tous été les témoins impuissants ou que nous avons expérimentés nous-même.

Après avoir consacré un premier article à la blessure de REJET, aujourd’hui, je vous propose de nous pencher sur le cas de la blessure d’ ABANDON.

Nos blessures d’âme sont à l’origine de la plupart des malaises et maux (physiques ou psychologiques) se manifestent en général par le port d’un masque sociétal particulier, selon la circonstance du moment et des situations rencontrées.

Grâce à une description très détaillée de cette « blessure de l’âme » qui survient dans la petite enfance pour se répéter inconsciemment tout au long de la vie, Lise Bourbeau nous invite à en prendre conscience, pour l’accepter et, pourquoi pas travailler à la guérir pour atteindre l’épanouissement, en s’autorisant à être nous-même.

« Abandonner quelqu’un, c’est le quitter »

« Abandonner quelqu’un, c’est le quitter, le laisser, ne pas vouloir s’en occuper. » Selon la définition de Lise Bourbeau, l’abandon est la deuxième des cinq blessures fondamentales de l’âme, qui empêchent d’être soi-même.

Cette blessure de l’âme est malheureusement aussi profonde qu’elle est courante. Celui qui se sent « abandonné » subit une attaque de son être. Il se sent menacé dans son droit d’exister.

Comment reconnaître un « dépendant » ?

L’abandon est une blessure très particulière, très profonde. Elle est le fruit d’un contexte tendu, d’une situation stressante qui vous a conduit à ressentir le départ imminent de votre parent de sexe opposé alors que vous étiez encore très jeune. Ce n’était peut-être qu’un malheureux concours de circonstances que vous avez mal interprété, ou au contraire une situation réelle qui a forgé votre vie de famille actuelle. Toujours est-il que la blessure de l’abandon est fréquente. Beaucoup de personnes en souffrent à des degrés plus ou moins élevés.

L’attitude de dépendance qu’elle crée a une fâcheuse tendance à lui attirer des ennuis et l’engluer dans des relations inextricables, alimentées uniquement par la crainte du départ de l’autre.

La dépendance se manifeste de 2 manières différentes selon les individus et les circonstances :

  • Créer de la dépendance : des dépendants, souvent en toute inconscience, se créent des difficultés voire des problèmes de santé pour attirer l’attention de leurs proches. Des problèmes qui servent surtout à attirer l’attention.
  • Aider à sortir de la dépendance : certaines « victimes » aiment, au contraire, jouer le rôle de « Sauveur » en cherchant à extirper quelqu’un qu’il aime d’une difficulté. Une fois qu’il a réussi, il n’hésite pas à le faire savoir. Il peut présenter de réguliers maux de dos en raison de la charge des responsabilités qui pèse symboliquement sur ses épaules.

Lise Bourbeau précise une attitude caractéristique des « dépendants » qui consiste à laisser systématiquement passer les autres personnes devant lui lorsqu’il marche en groupe. Il préfère se laisser guider lorsque l’occasion se présente.

C’est dans cette posture qu’il se sent le mieux, car sa plus grande peur est la solitude. L’angoisse de rester seul terrorise le dépendant qui est intimement convaincu qu’il ne saura pas la gérer. L’idée de la solitude exerce une grande anxiété chez les dépendants.

Le dépendant est prêt à tout pour être aimé

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L’origine du mal

« Lorsqu’un enfant naît, il sait au plus profond de lui que la raison pour laquelle il s’incarne, est d’être lui-même tout en vivant de multiples expériences, jusqu’à ce qu’il parvienne à s’aimer à travers elles. »

Selon la théorie de Lise Bourbeau, pour être parfaitement lui-même, un enfant doit devenir conscient des conséquences des expériences qu’il vivra au cours de sa vie.

Or, dès notre petite enfance, nous nous rendons compte qu’oser être soi-même dérange le monde des adultes. Nous en déduisons qu’être soi, au naturel, n’est PAS une bonne chose.

À cette première prise de conscience universelle s’en ajoute rapidement une autre pour les enfants qui souffriront d’abandon.

« Papa ou maman peut s’en aller, se détourner de moi.»

L’assaut à l’origine de la blessure originelle est dans la plupart des cas provoquée par un banal manque de communication de la part du parent de sexe opposé pendant l’enfance. Une catastrophe pour un petit enfant qui commence à peine son apprentissage émotionnel. Cette prise de conscience chez l’enfant est particulièrement douloureuse. Il s’agit du moment précis où s’imprime, dans son esprit, la peur de se retrouver seul. Il comprend qu’il doit s’appuyer sur l’autre pour survivre et pour cela a besoin de se faire comprendre.

Être compris n’a rien à voir avec être aimé.

Aimer, c’est accepter l’autre même si on ne le comprend pas.

Que comprendre de l’attitude de « dépendant » ?

L’abandon est la deuxième des blessures. Celle qui apparaît en second dans la vie de l’enfant. Elle n’est pas à prendre à la légère, car elle crée l’angoisse de la solitude.

Selon les observations formulées par Lise Bourbeau, la personne qui souffre de cette blessure présentera un corps long et mince, mais mou. Elle présente une attitude plus lente et parfois léthargique.

La réaction psychologique a une sensation d’abandon est l’affaissement intérieur, l’écroulement de la structure. Si l’affaissement est visible à l’extérieur (dos voûté, etc.) ce la suggère que la blessure est particulièrement grave. Musculairement le « dépendant » est plutôt sous-développé ce qui témoigne de son manque de tonus, inconscient.

Le masque de cette personne est la « dépendance ». À chaque fois que dans sa vie, le dépendant est confronté à une situation qui réactive son sentiment d’abandon, il surréagit. Il peut créer des conflits familiaux par simple angoisse de ne pas être soutenu, encouragé. La dépendance affective suppose que la personne qui se sent abandonnée se place en qualité de victime ou de sauveur au sein de sa famille et à l’occasion de tout type de relation (amicale, professionnelle, etc. […]. Une attitude qui peut avoir tendance à créer des conflits sur fond de psychodrames.

Le dépendant manifeste un grand besoin d’être soutenu plus qu’aidé. […].

Comment aider un dépendant affectif ?

Puisqu’il éprouve un besoin compulsif d’être soutenu. Lorsqu’il doit prendre une décision importante, le « dépendant » s’enquiert souvent de l’approbation de ses proches. Il faut, je crois, ne pas hésiter à donner de l’attention aux personnes dépendantes que nous aimons et qui en ont tant besoin. Elles recherchent bien d’avantage un soutien qu’une aide réelle. Bien entendu, il est question là de rester dans des proportions « justes » qui ne débordent pas plus que de raison sur l’équilibre supportable de chacun.

Comment se guérir de la dépendance affective ?

La bonne nouvelle dans tout cela, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour guérir, se débarrasser de ce masque de dépendance très encombrant pour être enfin soi-même et envisager la vie et ses rapports aux autres d’une manière nouvelle. Cicatriser sa blessure permet d’être plus autonome, moins dépendant, affectivement.

Si nous réprimons nos souvenirs douloureux, ils s’ancrent profondément dans notre inconscient. Le risque est qu’un jour, un trop plein fasse déborder le vase et que la douleur devienne trop difficile à gérer.

En se confrontant à l’abandon que nous avons vécu avec notre parent de même sexe, nous pouvons libérer toute l’énergie que nous utilisions pour la dissimuler et l’utiliser pour construire notre vie en étant nous-mêmes.

Les étapes de déconstruction

La guérison passe par l’expérimentation plus que par la compréhension intellectuelle. Plus nous nous donnons le droit d’être dépendant, moins nous le ferons à l’avenir. Pour déconstruire son schéma de blessure, il faut tout simplement reprendre les étapes de la construction du masque, à l’envers.

  • Étape 1. Prendre conscience du masque que l’on porte
  • Étape 2. Être révoltée par cette prise de conscience, avoir du mal à accepter sa part de responsabilité préférant rejeter les causes de ses souffrances sur le parent « mis en cause ». L’intensité de la révolte dépend du degré d’acceptation.
  • Étape 3. Se donner le droit d’avoir souffert de dépendance et d’en avoir voulu à son parent. Être compatissant avec soi-même. C’est durant cette phase qu’on lâche prise en ayant de la compassion pour son parent.
  • Étape 4. Redevenir soi-même en cessant de croire qu’il est vital de porter un masque pour se protéger. Intégrer que la vie n’est qu’une somme d’expériences qui servent à apprendre ce qui est bon pour soi.

La blessure d’abandon est en voie de cicatrisation lorsque l’on commence à s’affirmer, à prendre la place qui est la nôtre.

Je reviendrai, dans les prochaines semaines, avec précision sur chacune des 5 blessures, afin que vous puissiez, derrière votre écran, vous faire une idée de la ou les blessures qui pourrai(en)t vous correspondre. Il paraît que nous en vivons tous au moins 2, très rarement les 5 en même temps ! Ouf !

Sources 

BOURBEAU, Lise, Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même, Éditions E.T.C, Québec, 2013.

https://www.lisebourbeau.com/fr/

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À venir dans les prochaines semaines :

#3 L’humiliation

#4 La trahison

#5 L’injustice