LES BLESSURES DE L’ÂME : #4 LA TRAHISON,  CONTRÔLE OBSESSION

« La trahison est une moisissure verte et douce : elle ronge en silence et par l’intérieur. »

Francis Blanche, comédien et humoriste français (1921-1974)

Depuis un an, j’égraine sur ce blog, une par une, chacune des 5 blessures qui empêchent d’être soi-même, le best-seller de l’experte en développement personnel, Lise Bourbeau.

Après avoir consacré un premier article à la blessure de REJET, un second à celle de l’ABANDON, un troisième à l’HUMILIATION, je vous propose de poursuivre aujourd’hui cette série sur les traumatismes de l’enfance qui empêchent les adultes d’être pleinement heureux, malgré de nombreux efforts.

Sujet du jour : la blessure de TRAHISON.

La trahison : manquement à la parole donnée, à un engagement, à un devoir de solidarité.

Trahir : Être très en deçà, très différent de ce qui était attendu.

Définitions du Dictionnaire larousse

Grâce à une description très détaillée de cette « blessure de l’âme » qui survient dans la petite enfance, entre 2 et 4 ans, pour se répéter, inconsciemment, tout au long de la vie, Lise Bourbeau nous invite à prendre conscience de sa réalité, de ses conséquences concrètes sur le plan de l’Inconscient, pour l’accepter et, pourquoi pas, travailler à la guérir pour atteindre l’épanouissement, en s’autorisant à être soi-même. Je vous propose de mettre en lumière quelques uns des signes et symptômes de ce que nous pourrions qualifier de « pathologiques ».

Dès lors qu’une personne souffrant d’un acte de trahison rencontre une circonstance, une discussion, susceptible de lui rappeler ce sentiment violent, elle aura tendance à recourir au port d’un masque sociétal bien connu des psychiatres : le contrôlant abusif.

Si l’ouvrage de Lise Bourbeau a permis au grand public de s’ouvrir à cette question, le véritable pionnier des recherches sur la blessure de trahison et ses conséquences psychologiques est le psychiatre autrichien, élève de Sigmund Freud, Wilhem Reich.

À travers mon métier de biographe, j’ai été amené à étudier le mécanisme des émotions et des blessures d’enfance non-traitées. J’ai pu remarquer que le simple fait de prendre conscience des mécanismes à l’œuvre aide les personnes à mieux comprendre leurs schémas de souffrance et ceux de leur entourage et, pourquoi pas, à les dépasser.

Les racines du mal-être

La blessure de trahison est un traumatisme qui survient chez les enfants âgés de 2 à 4 ans. Selon Lise Bourbeau, le « responsable » est généralement le parent de sexe opposé. Un parent qui a, à un moment ou un autre, peut-être sans même s’en rendre compte, dévalorisé ou maltraité son enfant. Ce dernier a senti que son parent, avec qui il entretenait une relation fusionnelle, a rompu subitement leur lien. Afin de se protéger, de se créer une armure en cas de récidive, le petit garçon ou la petite fille développe alors, inconsciemment, un mécanisme de défense. Il portera désormais le masque du contrôlant. Ces personnes, à l’âge adulte, ont souvent eu, ou ont encore, un fort complexe d’Œdipe.

L’attitude qui en résulte n’est agréable ni pour la personne qui souffre ni pour son entourage.

Quelle que soit la circonstance qui amène l’enfant à ressentir que son parent a fait preuve de manquements, lorsque la blessure est révélée, elle modifie durablement le dispositif émotionnel de l’enfant.

Reconnaître un contrôlant

Sur le plan physique

Avec les années, en grandissant, le contrôlant ou la contrôlante développera un corps qui inspirera un sentiment de force, de solidité. Les hommes qui souffrent de cette blessure auront les épaules particulièrement larges et un torse plutôt bombé. Pour les femmes, on observera des hanches plus larges que les épaules.

Sur le plan psychique

  • Son humeur est changeante. Tantôt lunatique, tantôt empathique et plein d’amour, son attitude peut « vriller » d’une seconde à l’autre. Il peut devenir colérique pour peu de chose. Toute situation, aussi banale soit-elle, devient un évacuateur de la souffrance inconsciente, au détriment de sa propre santé et du bien-être des gens autour de lui.
  • Les contrôlants sont des personnes très exigeantes envers elles-mêmes et envers les autres. Pour elles, il est inimaginable de ne pas mener leurs projets à terme. Si malheureusement ce cas de figure arrive, la personne en besoin de contrôle l’interprétera comme un manque de courage, de ténacité. Un jugement qu’elle pose également sur son entourage. L’intolérance des contrôlants rend les collaborations avec autrui difficiles.
  • Les contrôlants ont une personnalité forte voire très forte qui met un point d’honneur à avoir le dernier mot et dont l’ego prend bien trop de place.
  • Être le premier, le meilleur en tout, est l’objectif n°1, quel que soit le domaine. Pour arriver à ses fins, tout est permis. Les personnes les plus intimement touchées par une trahison pourront aller jusqu’à se permettre de mentir, de manipuler, d’être hypocrite afin de conserver une illusion de pouvoir et écraser tout rival éventuel. L’ampleur de ce phénomène est directement lié à la profondeur de la blessure.
  • Les contrôlants n’aiment pas parler de leurs affaires, mais adorent se mêler de celles des autres. Ils font difficilement confiance et, bien souvent, réagissent plus négativement avec le sexe opposé.
  • Agité, le contrôlant aime montrer ce qu’il a fait. Il a besoin de se sentir mis en valeur, sous peine de ressentir une grande détresse intérieure.
  • Une personnalité contrôlante aimerait que tout le monde endosse sa vision des choses. Un ton froid, dur peut acérer ses paroles de manière à imposer, par le ton, ses points de vue, ses demandes. Autour de lui, les personnes sensibles auront bien du mal à maintenir une bonne relation. D’autant que le contrôlant ne se rend pas compte du mal que son attitude et ses sautes d’humeur peuvent causer. En règle général, il est peu tolérant. Cette personne fuit les gens affirmés, car leur franc-parler, leur capacité d’action indépendante les rend hors de contrôle. Elle pourra couper la parole sans vergogne, mais ripostera avec force si elle en est victime. Le besoin de domination dépasse le contrôlant. Puisque ces personnes sont rapides et incisives dans leurs actions, leur tolérance envers les plus lentes les exaspèrent. Il n’est pas rare qu’elles se mettent en colère, dès lors que leurs attentes ne sont pas comblées et cela même si cette attitude écrase leur entourage.
  • Le contrôlant ne se confie pas beaucoup et déteste montrer ses faiblesses, car il a peur que les autres en profitent. Ne pardonnant pas facilement, il est également très rancunier; il peut renier quelqu’un pour une petite faute anodine.
  • Le contrôlant essaie, en toutes circonstances, de respecter ses engagements. Il essaie d’être fidèle en tout. Très exigeant avec lui-même, il aime le montrer aux autres. L’idée d’une séparation de couple, par exemple, est pour lui une terreur, car dans son esprit elle serait forcément synonyme de défaite. Être quitté est vécu comme un affront.
  • Le contrôlant est très ponctuel et pointilleux. Il aura tendance à se mettre la pression, en voulant, par exemple, rendre sans arrêt son travail à temps et de préférence en avance.
  • Son besoin de contrôle sur les autres est, dans son esprit, une forme de garantie contre une trahison éventuelle. Dominer, rendre dépendant est une façon de s’assurer une certaine loyauté.
  • Le contrôlant cherche également à contrôler, planifier son avenir. Du coup, il n’est jamais dans le moment présent. Et si les choses ne se déroulent pas comme il l’avait prévu, il panique. Il a du mal avec la paresse et ne se repose qu’une fois qu’il estime son travail parfaitement accompli.

La plus grande peur du contrôlant

Sa plus grande peur est la séparation. Il a, à la fois, peur d’être trahi et de passer pour un traître. Les contrôlants ont tendance à attirer des relations peu stables, sans engagement. Ils considèrent toute promesse comme très sérieuse, immuable. Un désengagement est pour lui inenvisageable. Il préfère donc ne pas s’engager, plutôt que d’avoir un jour à rompre un serment. S’il finit par s’engager, dans un mariage par exemple, il choisira un partenaire « contrôlable », dont il est « certain » qu’il ne le quittera pas.

La peur de revivre la trahison de l’enfance domine le contrôlant. Le besoin de contrôle absolu demeure tant qu’il n’en prend pas conscience et ne travaille pas à s’améliorer. Le risque étant de faire définitivement fuir son entourage, qui ne supporte plus de subir ses fluctuations d’humeur et disons-le clairement son « mauvais caractère ».

Comment guérir de ce besoin de contrôle compulsif ?

  • Admettre le problème
  • S’observer agir et réagir pour diminuer la colère, les tensions.
  • Cesser de vouloir avoir raison encore et encore ; tout le monde peut avoir de bonnes idées et opinions.
  • Faire les choses par plaisir et non pour être mis sur un piédestal, dominer ou attirer l’attention.
  • Cesser de bouder, de faire du chantage, de blâmer les autres et devenir responsable de sa vie et de son bonheur.
  • Prendre conscience que cet ego omniprésent est un mauvais juge.

Comment appréhender un proche qui souffre de trahison ?

Si vous côtoyez ce type de personne :

  • Envisagez-la sous un angle nouveau. Voyez-la comme ce petit enfant qui souffre, qui ne maîtrise pas ce qu’il ressent. Tout est une question de perception. Cela devrait être un premier pas sur le chemin de la dissipation de l’emprise qu’elle exerce sur vous.
  • Ne vous soumettez plus à elle. Gardez bien à l’esprit que vous avez autant de valeur qu’elle, quant bien même vos visons des choses sont contradictoires. Ce n’est pas parce que le contrôlant parle fort et impose son point de vue en dévalorisant le vôtre qu’il a nécessairement raison.
  • Évitez tout jugement ou montée de colère en percevant ces caractéristiques. Il est important de ne pas tomber dans le travers de l’accusation frontale. La personne ne se rend pas compte du mécanisme psychique à l’œuvre.

Vivre aux côtés d’un contrôlant n’est pas une sinécure. Bien au contraire. Cela peut être un véritable enfer. La bonne nouvelle est que cette attitude n’est pas gravée dans le marbre. À cœur vaillant rien d’impossible, alors prenez le taureau par les cornes, parler avec bienveillance avec votre contrôlant(e), confronter-le(a) à ses propres contradictions, jusqu’à ce qu’il(elle) comprenne. Si vraiment, vous constatez que malgré vos efforts, il(elle) ne bouge pas d’un iota, éloignez-vous, temporairement ou définitivement, de lui(elle), tout simplement.

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