Les blessures de l’âme : #3 L’HUMILIATION ou la honte de soi
Dans la plupart des cas, la réponse à cette question est non. Du moins, en tant que « bisounours », je l’espère parce que si non, cela voudrait dire que nous vivons cernés par des sadiques sans scrupules.
J’en suis certaine. Le sentiment de honte est vécu viscéralement, dans nos « tripes ». Dès lors que nous goûtons à cette sensation, nous ne pouvons oublier l’effet qu’elle a produit. Le corps garde cette réaction en mémoire et la réactive à la moindre vexation.
Une humiliation ne s’oublie jamais
L’humiliation crée un tel gouffre en celui qui en est victime, qu’il est très difficile de s’en défaire, même des années plus tard. Difficile oui, impossible non. Pensez qu’une humiliation s’efface est illusoire. En revanche, il est tout à fait possible de travailler à ce qu’elle ne soit plus intimement douloureuse à vivre.
J’ai commencé sur ce blog, il y a plusieurs semaines (plusieurs mois, soyons honnêtes), à développer précisément chacune des 5 blessures qui empêchent d’être soi-même, un best-seller écrit par une psychologue québécoise experte en développement personnel, Lise Bourbeau.
Après avoir consacré un premier article à la blessure de REJET, puis un second à celle de l’ABANDON, je poursuis aujourd’hui cette série sur les blessures de l’enfance qui empêchent les adultes d’être pleinement heureux, malgré de nombreux efforts.
Je vous propose de nous pencher sur le cas de la blessure d’HUMILIATION.
Grâce à une description très détaillée de cette « blessure de l’âme » qui survient dans la petite enfance pour se répéter, inconsciemment, tout au long de la vie, Lise Bourbeau nous invite à prendre conscience de sa réalité, de ses conséquences concrètes sur le plan de l’Inconscient, pour l’accepter et, pourquoi pas, travailler à la guérir pour atteindre l’épanouissement, en s’autorisant à être nous-même.
Selon la psychologue canadienne, dès lors qu’une personne qui a souffert d’humiliation dans sa petite enfance rencontre une circonstance, une discussion susceptible de lui rappeler ce sentiment violent, elle aura tendance à recourir au port d’un masque sociétal bien précis.
Les racines du mal-être
L’éveil de cette blessure survient, si elle a lieu d’être, dès lors que l’enfant ressent que l’un de ses parents a honte de lui ou qu’il craint d’avoir honte de son comportement en public. L’humiliation peut être vécue comme une blessure d’ordre physique. Par exemple, lorsque l’un des parents se moque de son enfant qui a fait pipi au lit ou d’un défaut d’ordre physique, il risque de provoquer en lui des dommages invisibles graves, tels qu’une attitude d’abaissement systématique, une sensation de mortification ancrée, une vexation silencieuse ou encore un comportement de dégradation volontaire.
Quelle que soit la circonstance qui amène l’enfant à se sentir abaissé physiquement, lorsque la blessure est révélée, elle modifie durablement le dispositif émotionnel de l’enfant.
Reconnaître un masochiste
Sur le plan physique
Selon la théorie de Lise Bourbeau, les blessures de l’enfance se marquent dans le corps. Elles sont visibles. Ainsi, les personnes « masochistes », qui souffrent d’une blessure d’humiliation, développent un corps large et corpulent. Leur énergie vitale est bloquée. Elle ne circule pas et, a fortiori, s’accumule.
La surcharge peut concerner tout le corps ou seulement une partie, plus développée que les autres. C’est un élément essentiel à retenir !
Le regard des « masochistes » en dit long également. Leurs yeux sont grands, ronds et transpirent l’innocence de l’enfant. En revanche, le son de leur voix n’est pas celui de l’enfant. Elle est plutôt mielleuse, mais d’une douceur affectée.
Son caractère
Certains comportements typiques s’imposent à la personne qui souffre, ou a souffert, d’humiliation. Ces attitudes ont largement été observées puis décrites par Lise Bourbeau dans Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même. Bien entendu, toutes les personnes qui souffrent d’humiliation ne le vivront pas de la même manière. Toutes n’adopteront pas nécessairement chacune de ses attitudes. Enfin, l’ampleur de ces comportements induits est proportionnelle à la profondeur de la blessure qu’elles portent.
- Du point de vue caractériel, le masochiste est une personne joviale, serviable, généreuse, elle met les autres à l’aise. C’est généralement un plaisir de passer du temps en sa compagnie.
- La liberté est pour lui une valeur essentielle. S’il se sent libre, il n’a aucune limite. Or, il évite de se retrouver sans limite car, à ses yeux, s’il se « lâchait » il risquerait l’humiliation.
- Si quelque chose le dégoûte, il le rejettera instantanément.
Son attitude
- L’individu concerné compense et se récompense par la nourriture. Ses mets favoris sont riches en gras et en sucres. Cette blessure peut générer des comportements compulsifs de grignotage tout au long de la journée. La nourriture ne sert plus à nourrir mais devient un refuge. Paradoxalement, il n’est pas du tout à l’aise avec son alimentation. Il prend extrêmement mal tout genre de réflexions, même les plus anodines, sur ce qu’il mange. Puisqu’il a honte de lui, il cherche inconsciemment à développer un gros corps qui, selon ses propres standards, lui fera honte. Le développement du corps du masochiste reflète la place qu’il pense devoir prendre. Plus il pense devoir se déployer pour être enfin remarqué, plus son corps physique grossira.
- Il porte des vêtements qui ne sont pas à sa taille (ou trop amples ou trop serrés), qui le désavantage.
- Les masochistes sont plutôt lents dans leurs mouvements. Ils détestent d’ailleurs agir à la va-vite ! Lorsque le temps presse, ils peuvent facilement paniquer. Cette difficulté est d’ailleurs souvent vécue, elle aussi, comme une honte de ne pas être à la hauteur.
- Ils connaissent bien leurs besoins mais refusent d’y répondre. Ils ont le don de créer des situations dans lesquelles ils doivent prendre soin de quelqu’un. Ils mettent tout en œuvre pour se rendre utile. Parfois, ils vont jusqu’à prendre en charge les autres, sur leur dos, parfois sans qu’ils l’aient demandé. Plus ils en prennent sur le dos, plus ils grossissent. Dans leur esprit, le temps qu’ils emploient à aider l’autre est un temps au cours duquel ils ne prendront pas le risque d’avoir honte d’eux-mêmes. Malheureusement pour eux, leur attitude leur renvoie, une fois encore, un sentiment d’humiliation de la part des personnes aidées puisque n’étant pas forcément porté en triomphe, ils estiment qu’on abuse de leur « fausse » bonté. Le masochisme est un cercle sacrément vicieux dont il est bon de se défaire.
- Les personnes souffrant d’une blessure d’humiliation ne se rendent pas compte qu’elles créent souvent une humiliation chez l’autre parce que la plupart du temps, elles se gratifient volontiers d’aider l’autre en lui renvoyant au visage qu’il ne peut pas se débrouiller sans elle… Il s’agit d un comportement inconscient. Évitons le jugement.
- Elles attendent indéfiniment la reconnaissance de l’autre que bien sûr, du fait même de leur comportement, elles n’obtiennent pas.
- Autre comportement marquant, le masochiste crée des situations ou il s’humilie pour ne pas être humilié par les autres.
- Lorsqu’il aide quelqu’un, ce qu’il désire en réalité c’est de se créer des contraintes et des obligations. Ainsi, il estime, qu’il n’aura pas à rougir de ce qu’il fait, qu’il n’aura pas à avoir honte ou que l’autre n’aura pas à avoir honte de lui.
Comment guérir cette peur panique du sentiment de honte ?
La bonne nouvelle dans tout cela, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour guérir, se débarrasser de ce masque de masochiste si encombrant pour être enfin soi-même et envisager la vie et ses rapports aux autres d’une manière nouvelle. Cicatriser sa blessure permet d’être plus autonome, moins dépendant, affectivement.
Si nous réprimons nos souvenirs douloureux, ils s’ancrent profondément dans notre inconscient. Le risque est qu’un jour, un trop plein fasse déborder le vase et que la douleur devienne trop difficile à gérer.
En se confrontant au sentiment d’humiliation que nous avons vécu avec notre mère (ou la personne qui a joué ce rôle dans notre vie), les masochistes pourront libérer toute l’énergie qu’ils accumulent dans leur corps et l’utiliser pour construire leur vie en étant tout simplement eux-mêmes.
Les étapes de déconstruction
La guérison passe par l’expérimentation plus que par la compréhension intellectuelle. Plus nous nous donnons le droit d’être masochiste, moins nous le ferons à l’avenir. Pour déconstruire son schéma de blessure, il faut tout simplement reprendre les étapes de la construction du masque, à l’envers.
- Étape 1. Prendre conscience du masque que l’on porte.
- Étape 2. Être révoltée par cette prise de conscience, avoir du mal à accepter sa part de responsabilité, préférant rejeter les causes de ses souffrances sur le parent « mis en cause ». L’intensité de la révolte dépend du degré d’acceptation.
- Étape 3. Se donner le droit d’avoir souffert de dépendance et d’en avoir voulu à son parent. Être compatissant avec soi-même. C’est durant cette phase qu’on lâche prise en ayant de la compassion pour son parent.
- Étape 4. Redevenir soi-même en cessant de croire qu’il est vital de porter un masque pour se protéger. Intégrer que la vie n’est qu’une somme d’expériences qui servent à apprendre ce qui est bon pour soi.
La blessure d’humiliation est en voie de cicatrisation lorsque l’on commence à s’affirmer, à prendre la place qui est la nôtre.
Si vous vous êtes reconnus dans cette description c’est une bonne chose, peut-être le premier pas vers une prise de conscience plus large. Les masochistes ont, d’une certaine manière beaucoup de chance… En effet, ce sont les personnes les plus au fait de leurs besoins. Cette capacité leur permet de voir et de comprendre les besoins des autres, ce qui est un fabuleux atout. Elles sont souvent des médiateurs et des organisateurs hors pairs puisqu’elles comprennent intimement les besoins, le respect et la liberté de chacun.
Les masochistes libérés sont souvent les personnes les plus aventurières et audacieuses. Ce sont des partenaires de confiance.
Pitié, amis autrefois humiliés, ouvrez grand vos ailes !
Rédigé par : Ophélie