Tenir un journal intime de confinement

Comment prendre la plume pour garder une trace historique de ces moments de vie hors du commun ?

Du temps, nombre d’entre nous en a à revendre ces temps-ci, souvent pour la première fois depuis l’enfance. L’ennui s’introduit dans nos existences. Si certains en profitent pour ENFIN trier par couleur des caisses pleines de vieux Lego (#Régis), d’autres se mettent au yoga (#moi), à faire des puzzles 3000 pièces (#Allan), etc. Tout est possible et envisageable.

Pour varier les plaisirs, je vous propose de mettre en lumière une pratique qui pourra sans doute allier l’utile à l’agréable. TENIR UN JOURNAL « INTIME » de confinement. Cela ne vous prendra que quelques minutes par jour et je suis prête à parier que lorsque toute cette folie sera derrière vous, vous serez content d’y jeter un œil et de constater votre évolution personnelle.

Nous sommes un paquet à avoir tenté l’expérience à l’adolescence avec plus ou moins de sérieux et de succès. Il n’est jamais, ô grand jamais trop tard pour s’y (re)mettre. Alors, oui cette épopée collective a démarré il y a près de 15 jours, vous êtes donc en retard, oui vous n’avez pas l’habitude d’écrire, etc. Les excuses pour ne pas s’y mettre peuvent être nombreuses, mais après tout il n’y a qu’une seule question à vous poser : qu’avez-vous à perdre ? Mis à part quelques minutes de votre précieux temps, tout de même dévalué ces dernières et prochaines semaines ? En revanche, vous constituerez un patrimoine historique pour vous-même et peut-être pour votre descendance.

Exprimer ses sentiments les plus profonds en se connectant à soi-même

On peut librement révéler dans un journal ses pensées secrètes, obscures, sans avoir peur d’être jugé, sans craindre de reproche et sans avoir à se justifier auprès de qui que ce soit. Tenir un journal nous permet d’être relié à notre Être profond et de lui offrir un espace d’expression. L’écriture y suit un cheminement personnel, dont chaque tournant, chaque bosse, chaque aspérité ou lignes droites est le fruit de nos propres humeurs, émotions, pensées, idées, ou rêves.

Il n’y a rien de tel qu’un journal pour se décharger de ses idées noires et pour se relaxer lorsque nous avons le moral à zéro, que nous sommes stressés, anxieux ou, au contraire, excités comme une puce.

ÉTAPE 1 / Cahier ou PC ?

Avant de formuler la moindre phrase, il est important de bien choisir son support d’expression intime : un carnet ou un ordinateur ?

Il n’y a pas de choix du roi, chacun doit sentir ce qui lui convient le mieux, même si j’avoue avoir un faible pour les jolis cahiers.

Chaque support a ses avantages et ses inconvénients. Si vous optez pour un carnet, un cahier ou n’importe quel autre support papier, vous n’aurez jamais à craindre que votre batterie tombe à plat (vous pourrez le poursuivre même en cas d’apocalypse zombie !).

De plus, vous pourrez personnaliser votre journal, en y intégrant des dessins, des collages, toute sorte de souvenirs. Mais surtout vous pourrez vous réapproprier votre propre écriture, qui elle est parfaitement unique et en dit en vérité long sur votre personnalité. Il est vrai qu’en devenant adulte nous avons pour la plupart cesser de prendre un stylo en main, alors même que l’apprentissage de l’écriture a été l’une des choses les plus fastidieuses que nous avons tous été amenés à apprendre dans notre vie d’enfant. Si vous disposez du matériel chez vous, je vous invite même à exhumer vos stylos à encre. Vous redécouvrirez, comme moi ces derniers temps, cette sensation si agréable de la plume qui glisse sur le papier.

Utiliser un ordinateur pourra en revanche être plus commode dans certains cas. Vous pourrez écrire plus rapidement, effacer et corriger vos fautes sans faire de rature ou sans avoir à déchirer les pages ratées. Vous pourrez intégrer des photos et des images (de votre smartphone) plus facilement c’est vrai en ces temps de confinement.

Souvenez-vous toutefois que l’on ne tient pas un journal dans le but de créer une œuvre d’art, il s’agit avant tout de laisser libre cours à ses pensées et de les transcrire sur le papier !

ÉTAPE 2 / Quel genre de journal ?

Face à votre carnet vierge ou votre page Word blanche, posez-vous une question clef : quel sera le thème principal de mon journal ?

  • une transcription aléatoire, toutes les pensées qui vous traversent l’esprit.
  • un journal d’expérience : à propos de quelque chose que vous essayez de développer dans votre vie. Si vous hésitez entre les deux options, pourquoi ne pas créer deux journaux ?
  • un journal de gratitude, dans lequel vous pourrez noter tout ce pour quoi vous vous sentez reconnaissant chaque jour, chaque semaine, etc. Vous pourrez, par exemple, y parler des personnes, des animaux et des événements qui comptent pour vous.
  • un carnet d’ introspection, de voyage à l’intérieur de vous-même : vous pourrez y transcrire vos réflexions, vos impressions, et vos émotions au fil des journées de confinement. Vous verrez, comme elles se transforment et s’amplifient jour après jour.
  • un journal parental, dans ce journal, vous pourrez noter tout ce que vous trouvez de spécial, de merveilleux, de remarquable, de drôle, d’adorable et de mémorable en ce qui concerne votre rôle de parent et vos enfants au fur et à mesure de ces jours que vous passez littéralement les uns sur les autres. Ce témoignage sera dans quelques années, c’est certain, très précieux pour eux.
  • un journal d’évolution : ce type de journal s’adresse à ceux qui sentent un changement opérer en eux. Il vous aidera aussi à faire le point sur votre vie d’avant et sur vous-même.

En écrivant, posez-vous les questions suivantes :

  • « Qu’est-ce que j’aime et qu’est-ce que je n’aime pas dans ma vie ? »,
  • « Qu’est-ce que j’attends de l’avenir ? »,
  • « Que pourront m’apporter les changements que je souhaite opérer ? »,
  • « Qui pourrait m’aider à opérer cette transition ? », etc.

ÉTAPE 3 / L’endroit idéal

Écrire un journal est un grand moment de réflexion. Vous devez être seul, au calme et personne ou rien ne doit vous interrompre. Il est important que vous vous sentiez détendu, à l’aise. Installez-vous confortablement, dans un fauteuil moelleux, à la table de votre cuisine ou de votre salon de jardin si vous avez cette chance !

Trouvez un endroit tranquille dans votre maison où vous serez sûr de ne pas être dérangé. Pour les parents de jeunes enfants, il serait judicieux, d’attendre le soir que tout le monde soit parti aux pays des rêves.

ÉTAPE 4 / Écrivez à votre rythme, sans stress ni pression

Personne n’a jamais dit qu’il fallait écrire tous les jours. Si vous ne pouvez pas, vous ne pouvez pas. Si vous vous forcez à écrire pour tenir vos engagements, vous risquerez de finir par haïr votre journal !

Engagez-vous plutôt à écrire quand vous en ressentez l’envie ou le besoin.

Simplement, par expérience, je sais que le soir est généralement le moment le plus calme et le plus silencieux de la journée et donc le plus propice à la réflexion.

Astuces :

  • Rangez votre journal près de votre lit pour vous éviter une crise flemmingite au moment ou vous aurez peut-être vos meilleures idées.
  • Si vous rencontrez des difficultés à démarrer, pensez à ce que vous pourriez poster sur Twitter, votre statut Facebook, sur Instagram, etc. et écrivez-le dans votre journal. Le plus dur c’est de trouver la première phrase. Ensuite, le texte devrait dérouler.
  • Offrez-vous un carnet « pré-rempli » (ci-dessous) de la marque hollandaise Vertellis.
  • Si vous vous sentez inspiré, mais que vous n’avez pas le temps d’écrire pensez à l’enregistreur vocal de votre smartphone. Vous pourrez transcrire plus tard vos idées.
Un carnet pré-rempli qui interroge pour trouver plus facilement l’inspiration.

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ÉTAPE 5 / Out of control

Ne vous focalisez pas sur la grammaire, l’orthographe ou la syntaxe. Votre journal n’est destiné qu’à vous-même, il s’agit de votre petit refuge alors ne vous inquiétez pas trop de votre français. Si vous cherchez à corriger vos erreurs ou à tenter d’améliorer votre style lorsque vous êtes en plein questionnement ou en pleine réflexion, cela pourrait stopper le flot de vos idées et de votre raisonnement. Vous pourrez toujours reprendre votre texte plus tard.

Le but de votre journal est simplement de laisser vos idées se déverser sur le papier.

ÉTAPE 6 / Extérioriser TOUT ce qui vous met mal-à l’aise

Les journaux sont idéaux pour se décharger de ses problèmes et traverser les moments de vie difficiles. Beaucoup de thérapeutes et de psychologues conseillent à leurs patients de tenir un journal intime qui leur permette d’extérioriser tout ce qu’ils ont en eux.

Un journal est un objet passif, qui peut absorber votre colère, votre rage, votre jalousie et toutes vos émotions négatives sans jugement et sans faire de peine à personne !

Évacuer vos idées négatives et les transcrire dans votre journal vous libérera de vos frustrations. Dans votre journal, vous serez totalement libre de maudire les autres si ça vous fait du bien.

ÉTAPE 7 / Illustrer vos propos

Complétez et personnalisez votre journal avec les choses que vous aimez. Les griffonnages et les dessins sont tout à fait acceptables ! Vous pouvez aussi inclure des paroles de chanson, des recettes de cuisine, des poèmes, des extraits de livre ou encore des coupures de journaux. Il peut être amusant d’inclure également des souvenirs, des petites choses de votre vie de confiné, comme un exemple d’attestation de déplacement déjà remplie, une fleur séchée que vous avez cueillie durant l’une de vos sorties, ou encore des photos Polaroid que vous avez peut-être prise avec vos compagnons de galère, etc. Le journal doit vous représenter vous et votre vie, il est la manifestation de votre esprit, rendez-le donc le plus personnel possible !

ÉTAPE 8 / Trouvez-lui une bonne cachette

Sous vos sous-vêtements, dans votre tiroir à chaussettes (cachettes faciles), derrière le bric à brac que vous stocker dans votre cave, scotché sous un tiroir, etc., gardez votre journal en sécurité à l’écart des lecteurs indiscrets.

Personne n’est en droit de lire votre journal, sans votre consentement. Vous ne vous sentirez réellement libre de vous exprimer que si votre journal ne peut compromettre vos relations.

Soyez malin ! N’écrivez pas en grosses lettres « Mon journal intime » sur la couverture. Si vous rédigez votre journal sur un PC ou un Mac, apprenez à verrouiller vos fichiers et à protéger votre compte utilisateur par un mot de passe que vos proches ne pourront deviner (contre les curieux ou les hackers).

J’espère que cet article vous inspirera et vous donnera envie de vous lancer.

Belle semaine à vous tous !